La compagne de cirque Baro d’Evel propose avec Qui som? (« qui sommes-nous ? ») un spectacle inclassable, entre le cirque, la danse, le théâtre et le théâtre de rue, la performance… Nous l’avons vu dans la cour du Lycée Saint-Joseph dans le in d’Avignon (lieu dans lequel j’ai de très mauvais souvenirs, pas merci Julien Gosselin !).

Ce genre de spectacle est toujours à quitte ou double : soit il nous touche et nous offre un « moment de grâce », soit à l’inverse c’est la catastrophe et le moment devient gênant (voire insupportable…). J’inscris plutôt Qui som? dans la première catégorie, même si tous les tableaux ne se valaient pas. 

Parmi mes préférés, le tableau d’ouverture entre acrobaties et clown : durant plusieurs dizaines de minutes, les douze artistes à la tenue impeccable glissent sur une matière indéterminée (une flaque d’argile liquide ?), tentant de conserver leur dignité à mesure que leurs costumes noirs changent de couleur. Visuellement, c’est très réussi, et le côté tarte à la crème du clown fonctionne à plein. Joli tableau également, lorsque les artistes jouent avec des céramiques, s’amusant à les détruire et à les modeler en masques monstrueux. Je suis plus mitigé en revanche sur les tableaux porteurs d’un message plus fort, comme lorsque les artistes passent de longues minutes à nager dans une marée de bouteilles en plastiques, ou sur certains passages pas assez aboutis à mon goût (les acrobaties dans une structure verticale monstrueuse). 

 Le spectacle finit dans un joyeux bordel, en fanfare (au sens propre), sur la parking (ou l’arrière-cour ?) du lycée, où se mêlent atelier de céramique, sérigraphie, musique et bar. Festif et original, même si l’intérêt était limité. 

En définitive, du bon et du moins bon pour ce spectacle aux innombrables coproduction ; le budget nécessaire me laisse d’ailleurs un peu songeur quant à l’utilisation des subventions à la création… Et « en même temps » j’adore généralement l’utilisation de consommables (ici l’argile), difficile de tout concilier !